Colloque
Colloque Humanités océanes
02
outubro
2025
-
04
outubro
2025
Quinta-feira
02
outubro
2025
às
9:00
Musée Maritime de La Rochelle, Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle

Les Humanités océanes partagent un théâtre commun, immense scène liquide qui les sépare et les unit à la fois : l’espace océanique. Elles partagent également une communauté de destin, marquée par des violences fondatrices souvent brutales - qu’elles soient humaines (de la razzia à l’esclavisation, en passant par la colonisation ou l’exploitation des richesses naturelles…) ou naturelles (tempêtes, tsunamis…). Les circulations des hommes et des animaux, des plantes et des produits, des saveurs et des goûts, des instruments et des rythmes, des imaginaires et du surnaturel… ont fait entrer en résonnance les Humanités océanes. Elles partagent aujourd’hui un patrimoine et un destin commun : elles habitent des territoires métissés et abîmés.
Sur la scène sociale, les Humanités océanes occupent une place singulière, à la fois de marginalité (puisqu’installées à la lisière entre terres et mers, souvent sur des zones frontalières) et de centralité (puisqu’au cœur des processus d’interculturalité). Que les contacts aient été ou non le fait de violences, qu’ils aient été le résultat d’un processus volontaire ou le fruit du hasard, ils ont forgé au fil des millénaires la spécificité des Humanités océanes.
Les deux thématiques du colloque :
\- Les Humanités océanes entre métissage, racialisation et exotisation :
Les littoraux et îles océanes sont les lieux privilégiés des processus de métissage, fruits des déplacements et échanges de toutes sortes depuis des millénaires. De ce grand brassage est né un monde métis. Puis, lorsque les entreprises coloniales ont mis au point de nouvelles formes de hiérarchies ou de statuts basées sur des différences de couleurs de peau, alors les littoraux sont devenus des points d’articulation pour ces processus de racialisation. Lorsque viendra le temps de l’exotisation du monde, nouvelle forme d’appropriation du globe pour un Occident à l’étroit dans ses frontières, aura lieu la redécouverte des Humanités océanes, que réactive aujourd’hui le marketing touristique par exemple.
Quant au métissage, de plus en plus pointé du doigt comme relevant d’une forme subtile d’imposition de normes culturelles européo-centrées, n’oublions pas qu’il a façonné des identités plurielles, des emmêlements fertiles, auxquels il faut redonner voix. Cette tension contemporaine entre métissage, racialisation et exotisation est au cœur de débats intellectuels et de pratiques artistiques.
\- Imaginaires de l’habiter, ou la condition écologique des Humanités océanes :
Les sociétés littorales ont tissé, au long de l’histoire, des modes de présence à l’espace et au temps, des manières d’habiter les franges littorales et les océans, qui ont donné lieu à d’amples créations imaginaires. Nombre de pratiques artistiques et musicales témoignent de cette fertilité imaginaire, où dominent l’imprévisible et l’instable. Aujourd’hui, à l’heure de la grande accélération du changement climatique, surgit un nouveau défi : les Humanités océanes doivent composer avec un monde abîmé, pour partie hérité de pratiques coloniales prédatrices, aussi bien pour la nature que pour les humains. Que signifie habiter le littoral quand près de 10% de la population mondiale vit dans des zones à risques (ne dépassant pas une élévation de 10 mètres au-dessus du niveau de la mer) ? Que faire de la mémoire des traumatismes naturels ? Comment l’imaginaire se réinvente avec ces bouleversements ? Comment rendre compte de la multiplicité des relations qui se tissent entre les humains, les animaux, les plantes et les paysages dans un contexte de mobilité et d’échanges permanents ?