Exposição

Oiseau de passage / Ibong Napararam

Louis Guillaume
17
outubro
2022
-
14
novembro
2022
Segunda-feira
17
outubro
2022
às
0:00
Galeria Altro Mondo
Ibong napaparam (Oiseau de passage), invite le spectateur à déambuler dans différents espaces pensés comme des capsules temporelles. Chacune d’entre elles revient sur les différents moments ou expériences qu’a vécus Louis Guillaume durant son voyage aux Philippines. Ces espaces de projections sont comme des niches humaines, des constructions instables qui ne tiendront qu’un temps et sur lesquelles reposent les souvenirs d’une expérience où l’humain a été le principal sujet observé. Aussi exhaustifs qu’aient été ses ressentis, le spectateur construira à son tour ses impressions sur la multiplicité des éléments exposés, qui n’hésitent pas à se superposer pour ne former qu’un seul instant — comme celui d’un mois et demi passé sur le territoire. Le titre « Ibong napaparam » met en corrélation l’humain et l’oiseau comme un bipède unique en son genre. Comme dans chaque grande capitale, les oiseaux chantent tôt le matin avant que l’activité humaine ne reprenne, laissant ensuite la place au fourmillement des hommes, aux klaxons des voitures, aux moteurs, aux chaussures qui frottent sur le parquet lustré du terrain de basket. Et pour combien de saisons encore, les migrations, les chants, les danses, le chaos. Cette résidence aux Philippines et particulièrement à Manille a insufflé une nouvelle dynamique à ma pratique. Je me suis rapproché là-bas, de médiums comme la photo, la vidéo, le son, qui me suggéraient une facilité de captation en m’amenant à exploiter l’expérience plus que la construction d’un ressenti. L’exposition « Ibon napaparam » s’est construite de manière très intuitive. Une méthode qui m’est assez caractéristique lors d’installation, et qui m’a permis de faire environnement de ce mois et demi en exploitant l’ensemble des 90 m2 du lieu d’exposition à la galerie Altro Mondo. Cette liberté d’expérimentation là-bas, m’a permis de proposer pour la première fois un accrochage photo, vidéo- documentaire sur Montalban (village en pleine nature à 2 h de Manille), ainsi qu’un karaoké. Cela m’a sûrement été influencé par ce pays en voie de développement qui sait faire usage de toutes choses pour continuer à s’exprimer, à bâtir ou aller de l’avant. L’expérience d’expatrié a été courte, mais a comblé d’agréables rencontres et mon travail qui portait jusqu’alors essentiellement sur le végétal à cette fois-ci, fait de l’humain, sa principale source d’inspirations et d’interaction. Là-bas, la photographie et le film ont constitué le moyen idéal de capturer les situations et comportements qui se manifestaient furtivement à moi. Dans la ville tentaculaire de Manille, ou lors d’ascensions dans les montagnes à Montalban, les évènements auxquels j’ai été confrontés m’ont autant désorientés qu’ils m’ont permis d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche. Manille est une des villes les plus densément peuplées au monde, elle y concentre autant les hauts lieux de tourisme, de vie nocturne, que de quartier résidentiel de grande pauvreté. Cette ville est toujours en activité et ressemble à un fourmillement géant où la vie ne cesse jamais et se déroule toujours dans la rue — au contact des gens et de la street-food. Seul le passage d’un typhon pourrait perturber cette organisation chaotique où très vite, dès les premiers rayons de soleil, l’homme apparaitra de nouveau pour sa pleine existence. Là-bas, tout rentre dans l’ordre par le bricolage et une certaine facilité à s’adapter aux choses et évènements qui ne sont que passagers. Cette manière de vivre produit des sons, des bruits, un dépassement de lignes où les porosités entre l’Homme et la nature s’illustrent par l’humain bâtisseur de villes dans une vitalité tirée du chaos qui se rattache aux vrombissements mécaniques des jeepney, au métal et aux tours de verre du BGC. Dans mon quartier à Poblacion, le vendeur de Balut (œuf de canard avec le fœtus à l’intérieur, spécialités de la street-food locale) annonçait sa venue plusieurs fois par jour, à vélo, en diffusant la lettre à Élise de Beethoven. Cette cacophonie dont on apprend à saisir les codes au fur et à mesure et à y réagir soi-même ensuite, je l’ai enregistrée à plusieurs reprises et dans l’intention d’en faire un montage audio lors de l’exposition. Ibong napaparam, le titre de l’exposition proposé à la galerie Altro Mondo, signifie oiseau de passage en Tagalog littéraire m’a été inspiré par le film de Ciro Guerra, Cristina Gallego « Pájaros de verano », et faisait référence à tous ces sons que produit l’activité humaine, mais aussi au rapport éphémère de ma venue aux Philippines. Les personnes qui roulent à vélo utilisent un Klaxon électronique qui, actionné, pourrait s’apparenter à un chant de merle très fort. Le basket, qui est le sport national du pays (hérité de l’influence des Etats-Unis et qui est pratiqué essentiellement par les hommes — les femmes font du volet répartition sûrement patriarcales) — le son des joueurs et de leurs baskets sur le parquet lustré reproduit également cette « murmuration » d’oiseau, comme des couinements stridents. C’est donc en partage d’expérience entre la ville et les montagnes à Montalban qu’il m’a paru intéressant de transposer l’organicité des villes humaines à celle d’une nature luxuriante et pleine de vie, et ce terme d’oiseau de passage me permettait d’en souligner les connivences. On se retrouve souvent au karaoké dès lors que la soirée s’étend un petit peu. C’est une des activités principales lors de moments de convivialités entre amis. Je me suis retrouvé une fois à chanter pour tout un village, à Montalban à cause des amplificateurs du bar qui étaient orientés vers le bourg. Nos chants se jumelaient à l’activité extérieure, au son des tricycles (motocabine), sans pour autant que les habitants paraissent étonnés, voir même plutôt enjoués de certaines bonnes ou mauvaises interprétations. Les Philippines ont été longtemps occupées par les Espagnols, ensuite les Américains sont venus, les deux ont laissé l’empreinte de leurs passages jusque dans la langue. Aux Philippines, on compte et on donne l’argent en espagnol, on discute en Tagalog, la langue traditionnelle, mais si un étranger se joint à eux, la conversation n’a aucun mal à passer à l’anglais. Les Philippines se composent d’une myriade d’îles. J’ai eu la possibilité durant mon séjour de visiter Siquijor, appelé là-bas l’île aux sorcières. Cette expérience de quelques jours m’a permis de réaliser une vidéo des découvertes faites là-bas, sur le chemin des énergies et à la rencontre des sorcières finalement bienveillantes. Pour avoir eu la possibilité de vivre cette expérience humaine et de découverte de nouveaux paysages, je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes et les institutions, l’Alliance française de Manille, la galerie Altro Mondo, le centre Intermondes et la ville de La Rochelle, pour m’avoir accompagné tout au long de ce voyage, dans les moments plaisants et ceux parfois un peu plus compliqués. Une exposition-restitution de résidence aura lieu à la chapelle des Dames-Blanches à La Rochelle courant 2024, y seront exposées une grande partie de mes recherches et rencontres faites sur place. Exposition présentée du 17 octobre au 5 novembre, Altro Mondo, Chino Roces, Makati City, Manille, Quezon. LIENS VIDÉOS MONTALBAN, 3 JOURS HORS DE LA TENTACULAIRE – MANILLE UM PEDAÇO DE TERRA, O MEU PEDAÇO DE EMOÇÃO, SIQUIJOR